16. janvier 2025

La neurodiversité dans le monde du travail, ou comment identifier et utiliser la diversité comme une force

« Moi aussi, je fais partie de la communauté de la neurodiversité maintenant » : voilà un message que l’on lit régulièrement sur les réseaux professionnels comme LinkedIn, par exemple pour annoncer, avec une certaine fierté, une promotion ou l’obtention d’un nouveau diplôme. Si l’on peut parfois avoir l’impression que le terme « neurodiversité » devient une sorte d’autodiagnostic percutant, les personnes concernées peuvent ressentir un grand soulagement en recevant pareil diagnostic d’un médecin spécialisé. En effet, elles ont souvent passé des années à mobiliser beaucoup d’énergie afin de s’adapter à un système qui n’est pas fait pour elles. Aussi, il n’est pas rare que les personnes concernées doutent fortement d’elles-mêmes, ce qui peut déboucher sur des dépressions.

Mais que cache vraiment le terme « neurodiversité » et pourquoi prend-il toujours plus d’importance dans le monde du travail ?

Le cerveau est hautement complexe et unique. À l’instar d’une empreinte digitale, qui n’existe jamais en deux exemplaires, un cerveau ne ressemble à aucun autre. Néanmoins, certaines personnes ont un cerveau qui fonctionne un peu différemment de celui de la majorité, dite « neurotypique ». Cette différence est qualifiée de « neurodivergence ». Toutefois, d’un point de vue neurobiologique, les termes « neurotypique » et « neurodivergent » ne sont pas tout à fait corrects. En effet, en raison du caractère unique de chaque cerveau, il n’existe pas de norme de laquelle il peut s’écarter. Il est donc plus correct d’utiliser le terme « neurodiversité », qui illustre le fait que tous les cerveaux sont différents. Dans la littérature spécialisée, il englobe notamment le spectre de l’autisme, le trouble du déficit de l’attention / de l’hyperactivité (TDA/H), la dyslexie, la dyscalculie, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), le syndrome de la Tourette (ST) ou encore le haut potentiel intellectuel.

Le concept de neurodiversité a vu le jour dans les années 1990, en réponse au manque de perspective orientée sur le spectre de l’autisme. Il a marqué un changement de paradigme et favorisé un débat conscient sur la diversité, lequel a encouragé un sentiment d’émancipation chez les personnes autistes.

Depuis, le terme « neurodiversité » trouve de plus en plus d’écho dans les discussions sur la société et le monde du travail qui visent à promouvoir un point de vue différencié sur le caractère unique du cerveau humain. Élargir le champ de la compréhension doit permettre de mettre fin à des stéréotypes stigmatisants, tels que le « génie » autiste ou la personne atteinte du TDA/H qui ne tient pas en place. Conséquence : de plus en plus de personnes reçoivent un diagnostic, même à l’âge adulte, car des signes subtils qui étaient auparavant ignorés peuvent désormais être mieux identifiés – en particulier chez les femmes et d’autres personnes qui ne correspondent pas à des clichés aussi éculés que stigmatisants.

En effet, en raison du caractère unique de chaque cerveau, il n’existe pas de norme de laquelle il peut s’écarter. Il est donc plus correct d’utiliser le terme « neurodiversité », qui illustre le fait que tous les cerveaux sont différents.

Le recul des stigmatisations va de pair avec l’augmentation du nombre de personnes (qui réussissent) se déclarant neurodivergentes. Des personnalités particulièrement connues revendiquent souvent leur neurodiversité – par exemple la chanteuse Billie Eilish, atteinte du syndrome de la Tourette, la gymnaste artistique Simone Biles et le nageur Michael Phelps, atteints du SDA/H, ou la militante pour le climat Greta Thunberg, atteinte du syndrome d’Asperger. Nous savons que l’acteur Dan Aykroyd s’est vu diagnostiquer le syndrome de la Tourette et le syndrome d’Asperger. L’entrepreneur Richard Branson est dyslexique et vit avec le SDA/H. Jacques Dubochet, titulaire du prix Nobel de chimie, est atteint de dyslexie, et ce trouble concernait également la romancière Agatha Christie. Ces exemples connus du grand public montrent au monde qu’il est possible de mener une carrière réussie et de fournir des performances d’exception tout en étant neurodivers.

La neurodiversité, pan du concept plus large de diversité

La prise en compte de la neurodiversité ne cesse de progresser, y compris dans un contexte professionnel. Aujourd’hui, les entreprises s’efforcent de créer un cadre de travail inclusif qui intègre différents talents et points de vue. Et l’expérience montre de plus en plus que les personnes neurodivergentes possèdent souvent des compétences particulières qui sont sous-estimées dans les modèles de travail traditionnels.

Les personnes atteintes du TDA/H

sont considérées comme étant particulièrement créatives et innovantes, trouvant des solutions non conventionnelles et débordant souvent d’énergie et d’enthousiasme pour les tâches qui leur sont confiées. Capables d’être hautement concentrées dans certaines situations, elles présentent alors une grande capacité à résoudre les problèmes – en particulier sous la pression. Leur flexibilité et leur rapidité à s’adapter aux changements en font de précieux ajouts pour une équipe et leur permet d’apporter des idées nouvelles. En outre, elles se caractérisent par une curiosité et une empathie développées, ce qui les aide à identifier des configurations complexes et à renforcer les relations interhumaines.

Les personnes du spectre de l’autisme

sont considérées comme étant particulièrement attentives aux détails et précises dans leur travail, ce qui les aide à mener à bien des tâches complexes avec un haut degré de précision. Pensant souvent selon des schémas clairs et structurés, elles possèdent de précieuses compétences analytiques pour la résolution de problèmes. Leur capacité à se concentrer intensément sur un sujet débouche sur une compréhension approfondie de celui-ci et la fourniture de solutions créatives. De plus, elles se caractérisent souvent par un haut niveau de loyauté et fiabilité, ce qui en fait des membres stables et engagés au sein d’une équipe. Leur manière originale de voir le monde peut conduire à des idées innovantes et de nouvelles approches dans différents domaines.

Les personnes atteintes de dyslexie, de dyscalculie ou de différences similaires en termes d’apprentissage

sont considérées comme étant souvent particulièrement créatives et orientées solution car elles disposent de stratégies de surcompensation et trouvent des façons alternatives de relever les défis. Elles développent fréquemment d’exceptionnelles capacités en matière de résolution des problèmes ainsi qu’un raisonnement spatial fort, ce qui peut être très avantageux dans un grand nombre de domaines pratiques et techniques. Leur faculté à se concentrer sur l’essentiel et à centrer leur attention sur la situation globale leur permet de considérer des tâches complexes selon un autre point de vue. Elles sont souvent très résilientes et arrivent à se motiver malgré les difficultés, ce qui en fait des collaborateurs précieux dans les environnements de travail dynamiques.

Les personnes atteintes de troubles obsessionnels compulsifs

sont considérées comme étant particulièrement brillantes dans les tâches requérant un haut niveau de précision et d’attention aux détails en raison de leur rigueur et leur vigilance accrues. Leur inclinaison pour l’optimisation de systèmes et la création de structures peut leur permettre d’exceller dans la résolution de problèmes, lorsqu’il faut trouver des solutions efficaces dans des situations complexes et exigeantes. En outre, elles sont souvent très fiables et responsables. Elles jouent donc un rôle précieux au sein d’équipes travaillant sur des projets nécessitant minutie et fiabilité. Leur capacité à travailler de manière systématique et méthodique, même sous pression, leur permet de mener à bien des tâches exigeant un haut niveau de qualité.

Les personnes atteintes du syndrome de la Tourette

sont considérées comme possédant une résilience et une endurance remarquables, car elles apprennent à gérer les difficultés liées à leur syndrome tout en conservant souvent une attitude positive. Leur faculté à garder leur calme dans des situations stressantes ou imprévisibles peut les aider à avoir un raisonnement clair et à prendre des décisions rapides dans les environnements de travail dynamiques. En outre, elles possèdent souvent un caractère très authentique et honnête car elles éprouvent généralement peu d’inhibitions lorsqu’il s’agit d’exprimer leurs pensées directement, ce qui peut être un avantage dans les métiers axés sur la création ou la communication. L’autonomie et l’auto-détermination dont elles font preuve pour gérer leur quotidien favorisent souvent l’indépendance et la capacité d’innovation dans la vie professionnelle.

En d’autres termes, les personnes neurodivergentes se caractérisent toutes par leur faculté à voir le monde d’un point de vue original. Elles élaborent souvent des solutions non conventionnelles, présentent une créativité hors du commun et possèdent une capacité remarquable à résoudre les problèmes. Leurs manières différentes de penser et travailler ouvrent de nouvelles perspectives et créent des opportunités d’innovation. Quel que soit le diagnostic qu’elles ont reçu, elles font souvent preuve d’une passion et d’un dévouement à toute épreuve pour leurs centres d’intérêt et leurs tâches, ce qui les aide à développer leurs points forts. Dans un environnement de travail ouvert qui les soutient, ces compétences particulières peuvent non seulement favoriser leur propre développement, mais aussi enrichir tout le processus de travail.

Les personnes neurodivergentes élaborent souvent des solutions non conventionnelles, présentent une créativité hors du commun et possèdent une capacité remarquable à résoudre les problèmes. Leurs manières différentes de penser et travailler ouvrent de nouvelles perspectives et créent des opportunités d’innovation.

Cependant, afin de mettre ces forces à profit, il faut davantage qu’une simple acceptation : il convient d’instaurer un cadre adéquat et de supprimer les barrières structurelles qui empêchent les personnes neurodivergentes de déployer tout leur potentiel.

C’est là qu’intervient le service social d’entreprise de Proitera : nous aidons aussi bien les collaborateurs que les entreprises à trouver des moyens de rendre la culture du travail plus inclusive.

Nous avons établi une liste de contrôle avec de nombreux conseils pour aider les spécialistes RH et les supérieurs hiérarchiques à créer un monde du travail neuroinclusif  – un environnement de travail neuroinclusif où tous leurs collaborateurs se sentiront à l’aise et pourront s’épanouir. À cette fin, il est important d’impliquer activement les collaborateurs concernés et de les questionner sur leurs besoins spécifiques.

À plus long terme, de telles mesures ne profitent pas uniquement aux collaborateurs dont la neurodiversité a été diagnostiquée : globalement, un environnement de travail neuroinclusif est propice à l’ouverture, à la compréhension et au respect – autant de valeurs décisives pour tous les collaborateurs. Des modèles de travail flexibles, une communication claire et la valorisation des forces individuelles n’améliorent pas seulement la satisfaction : ils stimulent également la capacité d’innovation et la productivité de l’ensemble de l’équipe. Une telle culture d’entreprise envoie un signal fort à l’extérieur. Elle perçoit la diversité comme une chance sans tomber dans le piège des promesses creuses, car elle l’embrasse au travers de mesures et d’actions concrètes.


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